Historique du projet
« Témoins de crue » est une phase d’un projet plus large portant sur la connaissance des crues à Namur. En 1992, alors jeune collaborateur à la revue « Pays de Namur[1] », j’avais commis un petit opuscule d’une cinquantaine de pages à la présentation très modeste présentant quelques vues anciennes des inondations à Namur lors de l’hiver 1925-1926 sous le titre « Les grossès euwes[2] ».
Quelques années, plus tard, le projet prend de l’ampleur et ce sont deux publications préparées en collaboration avec Anne-Sophie Maaskant qui sortent de presse. Sous le titre général « Jours de crue », l’une porte le sous-titre « Images de crue[3] » et présente de l’iconographie des inondations de 1910, 1920 et de l’hiver 1925-1926 à Namur ; tandis que la seconde « Textes de crue[4] » propose des textes couvrant le même sujet. Cette publication s’accompagne d’une exposition réalisée en collaboration avec le Ministère wallon de l’Équipement et des Transports qui sera présentée à l’Hôtel de Ville de Namur (1-13/02/1997), à l’Usine de Moulins à Warnant dans la vallée de la Molignée dans le cadre de la journée du Petit Patrimoine Hydraulique (26/04/1997), au Centre de l’eau à Seneffe (10/05-14/06/1997) et à Heer-Agimont dans le cadre des Journées du Patrimoine (13-17/09/1997).
Entretemps, je publie dans une livraison du bulletin des Amis de la Citadelle de Namur un premier inventaire, très lacunaire, des témoins physiques des crues de la Meuse à Namur[5].
Les repères de crue
Les traces physiques des crues font partie de ce petit patrimoine historique qui permet de se souvenir de la « petite histoire » mais aussi de se rendre compte, tout au moins à Namur centre, des travaux importants réalisés pour maintenant empêcher le fleuve et la rivière d’envahir la ville. Elles sont aussi le reflet de moments pénibles pour les populations devant subir les caprices des éléments peu ou pas maitrisables.
Malheureusement, il n’existe pas, à ma connaissance, d’inventaire systématisé de ces traces. C’est donc au cours de promenades dans les quartiers proches du fleuve (et plus largement des rivières de son bassin versant) qu’il faut le réaliser de manière empirique en l’alimentant au fur et à mesure des « découvertes ».
Ce site internet et l’inventaire qu’il contient se veulent être un véritable espace collaboratif qui permettra à terme de constituer un inventaire le plus exhaustif possible. Et qui mieux que vous peut signaler la plaque croisée chaque matin lors de la promenade du chien ou le week-end lors du jogging dominical ? Un formulaire permet donc de proposer facilement des témoins supplémentaires afin d’enrichir la base de données.
Ce petit patrimoine est malheureusement fragile et en danger. De sa disparition pure et simple lors de la destruction du bâtiment sur lequel le témoin est apposé aux déplacements malheureux opérés lors de restaurations de façades, en passant par l’oubli de protection lors de sablage de façades, les risques sont nombreux. Ne parlons pas des indications peintes qui sont encore plus sujettes à disparition avec le temps que les plaques apposées ou les gravures dans la pierre.
Et pourtant, les repères de crues sont de véritables témoins historiques et revêtent également un intérêt scientifique pour l’étude des cours d’eau.
Le Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer de la République française propose un intéressant site internet (www.prim.net) qui favorise la mise à disposition, le partage et l’actualisation d’informations relatives aux risques naturels et technologiques pour renforcer notre résilience individuelle et collective. Parmi ces risques, les crues figurent en bonne place. Une section est consacrée aux repères de crues qui font partie du patrimoine des connaissances sur les crues et représentent une source d’information indispensable au renforcement de la conscience du risque, et de notre résilience par conséquent. Ils permettent aussi, dans le cadre de la connaissance hydraulique des cours d’eau, d’affiner les avoirs et l’expertise des crues historiques.
Si dans l’Hexagone, depuis la loi du 30 juillet 2003, dans les zones exposées au risque d’inondation, le maire, avec l’assistance des services de l’État compétents, procède à l’inventaire des repères de crues existant sur le territoire communal et établit les repères correspondant aux crues historiques, aux nouvelles crues exceptionnelles …, il n’existe malheureusement encore que peu d’inventaires systématisés et aucun pour la vallée de la Meuse.
En vous remerciant déjà de la communication de l’existence des témoins en vallée de la Meuse, non encore répertoriés dans cet inventaire, nous vous souhaitons une agréable découverte de ce petit patrimoine.
Pour l’équipe de Jours de Crue
Dominique François
[1] Pays de Namur, revue d’histoire et de folklore du Namurois. 198 numéros parus de 1971 à 2000.
[2] D. François, Les grosses euwes, Pays de Namur, Namur, 1992.
[3] A.-S. Maaskant & D. François, Jours de crue, Images de crue, Les inondations de 1910, 1920 et de l’hiver 1925-1926 dans le Namurois à travers des images d’époque, Namur, 1997. Disponible sur le site des Amis de la Citadelle de Namur
[4] A.-S. Maaskant & D. François, Jours de crue, Textes de crue, Les inondations de 1910, 1920 et de l’hiver 1925-1926 dans le Namurois à travers des textes d’époque, Namur, 1997.Consultez le pdf de la publication via ce lien: textes de crue
[5] D. François, Témoins des inondations à Namur, dans Les Amis de la Citadelle de Namur, n° 72, octobre 1995, p. 80-81.